Votre caisse enregistreuse sur iPad et iPhone

Découvrir Tactill

Emilie Bonaventure : Une artiste-entrepreneur

Quand on y pense, c’est assez surprenant ce changement d’ambiance d’une rue à l’autre, à Paris. Imaginez, à 9h42 vous longez la rue Notre-Dame-de-Lorette où des amoncellements de poubelles pullulent un peu partout sur les trottoirs, et dont les odeurs se mêlent aux émanations des gaz d’échappement. Puis, à 9h44, vous remontez la rue Milton et là, vous changez de monde ; désormais vous n’entendez rien d’autre que le bruit de vos pas sur le bitume et le babillage des enfants de l’école maternelle du trottoir d’en face.

Avant même de rejoindre la boutique d’Emilie, avec qui j’ai rendez-vous ce matin-là, je suis déjà plongée dans une bulle de sérénité qui ne fera que se prolonger une fois la porte passée.

Je suis accueillie dans la boutique Personnel & Friends, qui héberge également les bureaux du cabinet d’architecte d’intérieur Be-attitude. Pourtant, tout cet espace appartient aux mêmes personnes : Emilie & Isabelle Bonaventure. Associées depuis 10 ans, mère et fille depuis toujours. Mais au travail, la chef n’est pas celle que l’on croit !


“Être entrepreneur c’est tout, sauf ne pas être avec les autres”.

L’Art d’entreprendre

L’entrepreneuriat a ses avantages et ses inconvénients. Pour bon nombre d’entrepreneurs, la volonté d’être son propre patron est la meilleure, voire la principale motivation, en plus de faire ce qu’il aime et de tenir sa propre caisse tactile. Pour Emilie, doublement diplômée en histoire de l’art, c’était surtout l’occasion de faire découvrir de nouveaux artistes et de nouveaux objets, par son propre biais, et non par un intermédiaire ou au nom d’une autre agence.

Le défi n’a pas tant été de se lancer dans l’entrepreneuriat, puisque sa mère et ses grands-parents sont tous, bien avant elle, passés par cette étape. Ni sur le fait de s’associer avec sa mère, car elle ne reprend pas le flambeau d’une affaire familiale dont elle aurait hérité, et à laquelle elle n’aurait que fort peu rêvé. Emilie a fait le choix de se lancer seule dans ce qu’elle convoitait. Ce qui a été un réel challenge pour elle en revanche, c’est d’être une jeune femme entrepreneur de 28 ans dans les années 2000. Aujourd’hui, la société a changé si bien que l’on fait plus facilement confiance aux jeunes (et aux femmes), pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

L’Art de bien s’entourer

Démarrer sa propre activité c’est aussi une histoire de rencontres ; des rencontres qui ont parfois une influence irréversible sur l’aventure dans laquelle on se lance. Emilie a sans doute rencontré les bonnes personnes au bon moment en croisant la route de Antoine Broccardo et Chahan Minassian, deux mentors qui seront joueront un rôle déterminant dans la ligne de la carrière professionnelle de la jeune femme.

Antoine Broccardo d’abord, marchand d’art et directeur de galerie, cotoyé à l’école du Louvre et qu’elle considère comme son parrain. Il lui confie, à l’époque, un poste d’assistante de galerie, ce qui sera sa première et véritable expérience professionnelle. Le déclic qui lui donnera envie d’entreprendre n’a pas tellement été d’occuper ce poste à proprement parler, mais davantage la confiance qu’Antoine Broccardo lui a accordée et qui lui a fait croire en elle par la même occasion. Même si aujourd’hui leur métier est totalement différent, Emilie a su apprendre du maître et le mettre au profit de ses clients.

Puis, d’un autre côté, Chahan Minassian, architecte d’intérieur et décorateur, qui lui fera réellement connaître le métier, celui qu’elle fait aujourd’hui. Il l’aidera à prendre confiance sur sa légitimité en tant qu’architecte et sur sa capacité à choisir le bon tableau, la bonne couleur, le bon objet…

Entre les dires d’Isabelle et ceux d’Emilie, j’ai vite compris que c’était le genre de mentors dont il fallait s’entourer. Celui qui sait comment vous affirmer afin de devenir beaucoup plus que ce que vous seriez devenu si vous aviez fait le chemin seul…

L’Art d’ouvrir son agence d’architecture d’intérieur

C’est décidé, en 2004 Emilie vise à ouvrir son propre cabinet. Toujours autant passionnée par les objets et l’art de vivre, elle a beaucoup de choses à dire et souhaite l’exprimer à travers sa propre société. C’est donc en 2005 que l’agence Be-Attitude voit le jour.

C’est avec la présence de sa mère qu’elle démarre son activité pour s’enrichir au maximum de son expérience dans le commerce, et pour qu’elle l’accompagne dans ses démarches juridiques et bancaires. Et lorsque je demande à la mère et à la fille s’il n’est pas difficile de s’associer avec un membre de sa famille, la réponse est unanime : absolument pas ! Isabelle me parle de bienveillance et de communication entre elles, quant à Emilie la confiance est le maître-mot. “On a confiance 100% en sa mère. Un tiers c’est toujours un tiers, mais une mère ce sera toujours une mère”.

Visiblement, il lui paraît plus évident de s’entourer d’un proche que d’un investisseur, d’un ami ou encore, d’un mari. Et ce même si elle reste admirative face au succès d’un couple heureux en amour et en affaires. C’est ce qui représente pour elle, un des plus beaux succès de la vie.


“Le fait d’être capable de dissocier la mère de l’associée et d’avoir une relation d’adulte à adulte, c’est la clé du succès.”

Par ailleurs, il n’est pas simplement question des rapports humains que l’on entretient avec la personne qui deviendra notre associé, il s’agit surtout d’avoir la même vision et le même état d’esprit. Chacun doit correctement définir son rôle pour ne pas s’approprier celui des autres.

Après 10 ans d’existence, Be-Attitude continue d’enchaîner les clients et les projets. Le succès de l’agence est au rendez-vous, si bien que Emilie n’a pas voulu s’arrêter en si bon chemin.

L’Art d’ouvrir sa boutique

Pour fêter les 10 ans de l’agence, Emilie a souhaité déménager ses bureaux et trouver un local avec un show room. L’idée était de ne plus être en appartement mais directement sur rue pour y adjoindre une activité commerçante. Après un an et demi de recherches dans le 9ème arrondissement de Paris, elle trouve un local rue de Milton qu’elle rénove entièrement du sol au plafond, tout en laissant apparaître les vestiges du passé (mur en pierres, piliers). Bien entendu, avec 10 ans de bilans financiers positifs derrière soi, convaincre les banques d’acheter ce local n’a pas été très compliqué.


devanture-personnel-and-friends-commerce-paris-entrepreneur

Depuis avril dernier, Emilie peut désormais utiliser une partie de son local pour ses bureaux et l’autre pour présenter davantage de choses qui lui ressemblent et qui lui tiennent à cœur. Des objets, des meubles ou de la décoration qu’elle ne peut pas toujours associer aux réalisations de ses clients, mais qui peuvent créer l’envie auprès d’autres personnes.


personnel-and-friends-deco-boutique-commerce-paris-inspiration

Boutique, galerie, show room…cet espace polymorphe varie avec le temps pour mieux refléter ses choix, ses rencontres et ses expériences. D’un côté “Personnel”, où elle propose ce qui la représente, des objets qu’elle aura choisis. De l’autre, “Friends” où Emilie prévoit d’inviter des amis, qui eux-mêmes pourront proposer leurs propres coups de cœur et les intégrer à la boutique. Personnel & Friends signifie que vous êtes autant chez elle que chez vous.

Be-attitude n’a donc pas le même nom ni la même identité que Personnel and Friends, pour différencier l’espace commercial de l’espace commerçant. Si l’un véhicule un certain esthétisme et une offre toujours sur-mesure pour le client, l’autre se dédouane entièrement de cette obligation, et son champ d’expression devient plus personnel.

L’Art de se projeter

Même si Emilie est une parisienne dans l’âme, amoureuse de Paris depuis toujours, elle accorde beaucoup d’importance à parcourir le monde. Car ce sont bien les voyages, et plus particulièrement dans les milieux urbains, qui nourrissent sa curiosité et sa créativité. Suisse, Belgique, Italie, Angleterre…Des paysages et des lieux inspirants pour notre artiste.

D’ailleurs, ce sont véritablement les pays anglo-saxons qui l’inspirent le plus et au travers desquels elle imagine l’avenir pour faire évoluer ses projets. C’est aussi la raison pour laquelle les noms de ses deux sociétés ont une consonance anglo-saxonne. Les noms sont facilement prononçables pour être plus “passe-partout”.

Avec ses nombreux voyages, Emilie a eu l’occasion de visiter un grand nombre d’hôtels, ce qui a fait germer en elle un nouveau projet qu’elle aimerait beaucoup voir se concrétiser : redécorer entièrement un hôtel. L’hôtellerie réunit la totalité des paramètres de son champ d’activité : accueillir, prendre soin, nourrir les clients et les faire dormir. Un projet sur lequel Emilie aurait énormément de choses à raconter…À bon entendeur, donc.

Et finalement…

Elle ne regrette en rien son aventure et se sent à sa place aujourd’hui. Et lorsque je lui demande ce qu’elle pense de l’entrepreneuriat et pourquoi ceux qui hésitent à se lancer devraient le faire, elle me répond : “Parce que malgré les contraintes (administratives, fiscales, économiques…), c’est un espace de liberté”.


personnel-and-friends-paris-commerce-entrepreneur-inspiration-deco
personnel-and-friends-deco-inspiration-paris-commerce
personnel-and-friends-commerce-paris-deco
personnel-and-friends-commerce-paris-deco-inspiration
personnel-and-friends-paris-commerce-deco-boutique

Rédactrice chez Tactill